Samedi
17 mai – 20h
Basilique de Valère
Marc Mauillon & ses amis
Marc Mauillon – voix
Angélique Mauillon – harpe gothique
Vivabiancaluna Biffi – voix et vièle
Pierre Hamon – flûtes, cornemuses et tambour
Guillaume de Machaut (vers 1300-1377)
Le Remède de Fortune
Conception du programme et direction musicale : Pierre Hamon
Le Remède de Fortune
Qui n’aroit autre deport – Lai
Tel rit au main qui au soir pleure – Complainte
Joye, plaisance, et douce nourriture – Chant Royal
En amer a douce vie – Balladelle
Dame, de qui toute ma joye vient – Ballade (deux voix)
Dame, a vous sans retollir – Chanson Balladée
Estampie – d’après Guillaume de Machaut
Dame, mon cuer en vous remaint – Rondelet
Synopsis
La dame découvre au début un lai anonyme en son honneur Qui n’aroit d’autre déport : le poète le lui lit, mais par crainte de lui déplaire, n’ose révéler qu’il en est l’auteur et s’enfuit. Il se réfugie dans le parc d’Hesdin, l’équivalent médiéval du château de Versailles.
Il y compose ensuite une longue et sublime complainte, Tel rit au main qui au soir pleure, où il s’en prend à Fortune. Espérance lui apparaît alors et, méditant sur Fortune, le réconforte. Son discours est ponctué de deux pièces lyriques, la chanson royale Joie, plaisance et douce nourriture, et la balladelle En amer et douce vie. Ayant repris confiance, le poète va rejoindre celle qu’il aime et, en chemin, compose une ballade Dame de qui toute ma vie vient.
La dame est en joyeuse compagnie et l’invite à danser puis à chanter : il entonne alors le virelai Dame a vous sans retollir. Après avoir assisté à la messe et participé à d’autres réjouissances, le poète déclare enfin son amour auquel la dame répond favorablement. Mais à l’issue d’un repas et de nouveaux divertissements, vient le moment de la séparation ; les amants échangent des anneaux, et le poète chante en partant le rondelet Dame mon cœur en vous remaint.
Marc Mauillon
Par l’étendue et la singularité de son répertoire, son timbre si reconnaissable et sa diction ciselée, Marc Mauillon occupe une place toute personnelle sur la scène lyrique actuelle. Tantôt baryton, tantôt ténor, ce caméléon déploie et adapte ses couleurs au gré des musiques et des personnages qu’il rencontre.
A l’opéra, il est tantôt loufoque (Papageno, Bobinet de La Vie Parisienne, Mercure d’Orphée aux enfers, moine du King Arthur de Shirley & Dino, Le Mari des Mamelles de Tirésias de Poulenc, Momo de L’Orfeo de Rossi, Robert le Cochon dans Robert le Cochon et les Kidnappeurs de Marc-Olivier Dupin), divinité maléfique (la Haine dans Armide de Lully, Tisiphone dans Hippolyte et Aricie, Sorceress dans Didon et Enée de Purcell, tragédien (rôles titres d’Egisto de Cavalli, Orfeo de Monteverdi, Pelléas de Debussy, Adonis de Blow, Pélée dans Alcione de Marais, etc.), ou même tragédienne (Raulito dans Cachafaz de Strasnoy).
En concert, il chante aussi bien des airs de cour (Lambert, Charpentier, Bacilly…) que des petits ou grands motets français (Charpentier, Lully, Rameau, Desmarest, Campra, Couperin), du madrigal italien (Monteverdi, Gesualdo), des cantates sacrées ou profanes (Bach, Haendel, Vivaldi, Telemann, Monteclair, Clérambault), des programmes de musique médiévale ou renaissante. Il travaille avec les chefs d’orchestre Christie (il fut lauréat du premier Jardin des Voix de 2002), Minkowski, Pichon, Rousset, Altinoglu, Savall, Dumestre, Niquet, Haïm, etc., et de nombreux metteurs en scène réputés (Hemleb, Warner, Lazar, Alexandre, Carsen, Mijnssen, Twist).
Le récital et la musique de chambre tiennent une place de choix dans son parcours. Que ce soit Machaut avec Pierre Hamon, Vivabiancaluna Biffi et Angélique Mauillon, Poulenc-Eluard avec Guillaume Coppola, les musiciens de la Grande Guerre ou Fauré et ses poètes avec Anne Le Bozec, Peri et Caccini avec Angélique Mauillon, ou plus récemment les Leçons de Ténèbres de Lambert (paru chez Harmonia Mundi en 2018) avec Myriam Rignol, Thibaut Roussel et Marouan Mankar-Bennis, ses programmes questionnent toujours fortement le rapport entre musique, poésie et vocalité.
En 2016, il crée Songline, un récital monodique a cappella, en mouvement et en lumière. Un nouveau disque Je m’abandonne à vous autour des poésies de la Comtesse de la Suze avec Angélique Mauillon et Myriam Rignol est également paru en juin 2021 chez Harmonia Mundi. Récemment on l’a entendu dans La Vie Parisienne (Bobinet) à Rouen et Paris (TCE), dans Pelléas à Montpellier (K. Karabits/ B. Lazar) et dans Platée de Rameau (Momus) à l’Opéra de Paris (M. Minkowski/ L. Pelly), sans oublier de nombreux concerts avec Les Arts Florissants, Le Poème Harmonique, La Guilde des Mercenaires, Les Epopées, etc.
Régulièrement invité pour donner des master classes, des stages ou des formations en France et à l’étranger, Marc Mauillon enseigne depuis 2018 l’interprétation de la musique profane médiévale à la Sorbonne (Master d’Interprétation des Musiques Anciennes) après avoir été professeur de chant au Pôle Sup’93 (Aubervilliers La Courneuve) de 2014 à 2018.
Le Remède de Fortune
On ne dira jamais assez que les grands trouvères du Moyen Âge furent tout autant d’immenses musiciens que des poètes remarquables. Guillaume de Machaut fut le plus grand d’entre eux, génial aboutissement d’une longue tradition qui incarna, presque comme un miracle, l’équilibre entre texte et musique. Son oeuvre intitulée Remède de Fortune illustre à merveille son art sans pareil. Il s’agit d’une véritable synthèse de toutes les formes poétiques pratiquées à cette époque-là.
Le long texte poétique décrit une existence (peut-être celle de Machaut lui-même) arrachée aux griffes de la paresse et de la débauche par les vertus de l’amour transcendé par l’art. La thématique est étonnamment moderne, devançant de plusieurs siècles le romantisme allemand ! Machaut étonne par des audaces qui le poussent aussi bien à recourir à des formes archaïques qu’à d’autres plus modernes. Le Remède de Fortune contient ainsi des passages avec notation, fait encore rarissime à cette époque. Il passe ainsi des oeuvres monodiques les plus complexes et consistantes que sont par exemple le lai et la complainte – représentants ô combien sublimes de la vieille forge – à des formes polyphoniques plus joyeuses, au contrepoint revigorant, caractéristique de cette nouvelle manière de composer qui s’impose au milieu du 14ème siècle et que Machaut nomme la nouvelle forge.
Interpréter cette musique polymorphe revient donc autant à la jouer, à la chanter, qu’à la dire. L’art lyrique médiéval n’a aucun secret pour Marc Mauillon et Pierre Hamon : ils ont largement prouvé, par exemple dans un Amoureus Tourment (du même Machaut), unanimement salué par toute la critique spécialisée (Diapason d’Or et 10 de Répertoire pour l’enregistrement paru à l’automne 2006), qu’ils étaient parvenus à un équilibre idéal entre efficacité dramatique et hédonisme sonore. Ils reviennent donc pour nous enchanter avec ces mêmes qualités.
« Le Remède de Fortune est probablement le plus important poème d’amour français du 14ème siècle. Il eut une influence considérable dans toute l’Europe comme modèle poétique d’amour courtois, mais aussi comme modèle musical. C’est le point culminant d’un type de poésie et en même temps le début d’un nouveau style. C’est le dernier et probablement le meilleur des poèmes français d’amour qui inclut des pièces lyriques avec musique dans la trame narrative (elles sont au nombre de sept et toutes d’une qualité poétique et musicale exceptionnelle).
Comme le suggèrent les manuscrits, une lecture du Remède de Fortune à travers ses chansons est possible, celles-ci reflétant parfaitement la trame narrative et les états d’âme du poète dans son initiation amoureuse et artistique. Forts de notre expérience avec le premier lai Loyauté que point ne delay (Machaut) et de l’accueil enthousiaste qu’a reçu son enregistrement (L’amoureus Tourment, paru chez Eloquentia) et de celui reçu lors des concerts, nous avons choisi de nous immerger dans ce chef-d’œuvre, en prenant le temps de lire et d’étudier les différents manuscrits, les nombreux articles et thèses sur le sujet, de correspondre avec musicologues et spécialistes de la poésie médiévale, d’expérimenter divers types d’accompagnement du chant soliste, de proposer une dramaturgie scénique de l’œuvre, parfois avec des projections visuelles d’enluminures tirées des manuscrits comme articulations narratives (lorsque le lieu le permettait).
Pour la première fois peut-être depuis le 14ème siècle, nous proposons ainsi toutes les formes lyriques dans leur intégralité, non par fanatisme, mais parce que l’expérience de L’Amoureus Tourment a achevé de nous convaincre de l’intérêt artistique essentiel de cette démarche ».
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