Dimanche
27 avril – 17h
Église Saint-Théodule
Les Plaisirs du Parnasse
David Plantier, violon et direction
Capriccio Stravagante – Scherzi, balli e lamenti
Les Plaisirs du Parnasse
Dans la mythologie grecque, le Mont Parnasse, véritable sanctuaire des arts, était la résidence d’Apollon et des neuf muses. A l’époque baroque, de nombreux compositeurs sensibles à la dimension symbolique de ce lieu y font référence, dans les titres de leurs oeuvres ou traités théoriques. Aujourd’hui encore, le Parnasse représente un espace de création artistique privilégié. C’est pourquoi David Plantier baptisa son ensemble “Les Plaisirs du Parnasse” lors de sa fondation en 2004.
Ce nom fut révélé au public grâce à l’enregistrement en première mondiale des sonates pour violon de Johann Paul Westhoff pour le label Zig Zag Territoires. Ce disque a été accueilli de façon unanimement positive par la critique européenne et obtenu de nombreux prix. Il a valu à l’ensemble des invitations dans les plus prestigieux festivals européens et au Japon. Deux autres enregistrements pour ce label discographique ont suivi avec le Hortulus Chelicus de Johann Jakob Walther et le Fidicinium Sacro Profanum de Heinrich Biber.
Avec Abbracada’Bach, David Plantier revisite les grands chefs-d’oeuvre pour orgue du Cantor de Saint-Thomas et avec le programme Violino versus Violoncelle – Il duello amoroso il propose un point de vue inattendu sur le répertoire baroque instrumental, sous la forme d’une joute tantôt belliqueuse et tendre entre le violoncelle, qui s’émancipe de son rôle d’accompagnement, et le violon.
Outre ces programmes hors des sentiers battus, l’ensemble propose également des éclairages nouveaux sur quelques grands chefs-d’oeuvre du répertoire, comme L’Art de la fugue ou Les Quatre Saisons de Vivaldi, qu’il propose en effectif réduit afin de lui rendre toute sa force descriptive. Avec Concertos en fête, ce sont les grands noms du baroque (Bach, Haendel, Rameau) qui sont revisités.
Actuellement, l’ensemble se consacre à la réhabilitation des grands violonistes français du 18ème siècle avec une collection d’enregistrement intitulée Les violons des Lumières chez Ricercar. Le premier volume consacré à Jean-Marie Leclair a reçu un accueil enthousiaste de la critique et a été récompensé d’un Diapason d’or. Le second, consacré à des pépites méconnues du répertoire est sorti en 2024.
David Plantier, violon et direction
Passionné par la musique baroque dès son plus jeune âge (il a commencé l’étude du violon à cinq ans !), David Plantier étudie le violon baroque à la Schola Cantorum Basiliensis, dans la classe de Chiara Banchini, et intègre rapidement les plus grands ensembles européens.
Il est aujourd’hui un premier violon et un soliste très demandé par les chefs baroques les plus en vue. Il a ainsi travaillé avec René Jacobs, Chiara Banchini et Martin Gester. Il a été premier violon de l’orchestre suisse La Cetra qu’il a aussi dirigé lors de deux enregistrements consacrés à des concertos et suites de Brescianello et Venturini.
Depuis 2009, il est le premier violon du Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm et collabore aussi régulièrement avec le Concert des Nations de Jordi Savall et l’ensemble Café Zimmermann.
En défricheur, il révèle en 2004 les sonates pour violon de Westhoff, acte fondateur de son ensemble Les Plaisirs du Parnasse, avec lequel il est invité dans les plus grands festivals en Europe et au Japon. L’ensemble se nourrit de la redécouverte de pépites méconnues, pour poser un regard novateur sur les grands chefs-d’oeuvre du répertoire. Tous ses enregistrements sont salués par la critique internationale. L’ensemble se consacre actuellement particulièrement à Jean-Marie Leclair et à la foisonnante école française de violon. Une série de disques intitulée Les Violons des Lumières est prévue chez Ricercar. Le premier volume dédié à Leclair a été récompensé d’un Diapason d’or.
Fervent défenseur de la musique de Tartini, il fonde en 2015 le Duo Tartini avec la violoncelliste Annabelle Luis, afin de faire revivre le duo formé au 18ème siècle par Tartini et son violoncelliste Vandini. Cette formation offre des perspectives inédites sur l’interprétation de ce répertoire et de nouvelles expériences sonores. Trois disques sont le fruit de cet intense travail de recherche : Cantabile e suonabile qui s’intéresse aux piccole sonate de Tartini, Continuo, addio !, qui met en perspective Tartini, ses disciples et les premiers duos pour violon et violoncelle, et enfin Vertigo qui ressuscite les dernières sonates inédites du maître de Padoue, afin de célébrer l’année Tartini 2020.
David Plantier enseigne le violon baroque à la Schola Cantorum Basiliensis et joue un violon de Giovanni Battista Guadagnini de 1766.
Capriccio Stravagante – Scherzi, balli e lamenti
Le début du 18ème siècle est le théâtre d’une véritable révolution musicale, avec l’avènement de la seconda prattica, portée par Claudio Monteverdi. Le fait de pouvoir mettre en musique les émotions humaines ouvre des perspectives totalement nouvelles, qui stimulent à leur tour les compositeurs de musique instrumentale. Bénéficiant des progrès en matière de lutherie et de technique instrumentale, ils peuvent enfin donner libre cours à leur créativité.
À cette époque tout reste à inventer, les formes musicales ne sont pas fixées. Les musiciens agissent à la manière d’éponges en combinant les différents styles qui cohabitent : danse, opéra, madrigal, polyphonie, canzone. Les musiciens, tels des alchimistes dans leur laboratoire, expérimentent et composent des oeuvres d’une incroyable créativité.
La musique pour violon et ensemble de cordes connaît un formidable développement sous l’impulsion de violonistes italiens comme Biagio Marini et Carlo Farina. Ce dernier, installé à Dresde, a publié cinq livres de danses et sonates, dont l’influence perdurera pendant des décennies, jusqu’à Schmelzer et Biber. Avec son Capriccio Stravagante, vaste fresque imitative, Farina fait écho au fameux Combattimento di Tancredi de Monteverdi, chef d’oeuvre de musique narrative en stilo concitato.
Pour la première fois, les instruments imitent avec humour les animaux ou d’autres instruments, dans une liberté d’écriture totalement nouvelle. Il ne s’agit en effet pas seulement de musique légère, mais de l’expression d’une toute nouvelle forme de pensée musicale, que l’on pourrait rapprocher au 19ème siècle des poèmes symphoniques. Cette oeuvre inaugure la mode des pièces imitatives qui évoluera jusqu’aux Quatre saisons de Vivaldi.
A Salzbourg, à partir des années 1670, deux immenses violonistes rivalisent de virtuosité et de créativité, et se font les spécialistes de cette musique descriptive. La fameuse Bataille de Biber est passée à la postérité, mais son aîné Schmelzer fait également preuve de beaucoup d’esprit dans sa suite mettant en scène une école d’escrime, avec de savoureux passages illustrant les entraînements des apprentis bretteurs.
Une émotion que l’opéra du 17ème siècle se délecte à exprimer est celle de la lamentation, de la douleur et de la tristesse. Les opéras de Cavalli, par exemple, regorgent de lamenti. À leur tour, les instrumentistes transposent dans leur langage le formidable potentiel expressif de ce sentiment universel. Dans la musique française, le tombeau devient un genre à part entière, en particulier chez les luthistes ou clavecinistes qui dédient leurs compositions à des personnalités particulières. De l’autre côté du Rhin, durement marqué pas la Guerre de trente ans, des musiciens mettent en musique la tristesse ambiante. Schmelzer compose ainsi un saisissant lamento pour la mort de Ferdinand III, empereur du Saint-Empire, décédé en 1657. Il va même jusqu’à imiter la sonnerie du glas !
Biber, qui excelle lui, dans l’art de brouiller les cartes, combine dans ses balletti lamentabili l’expression du lamento à la suite de danses, association a priori incompatible. Sarabande, courante et gigue semblent alors empreintes d’une mélancolie doloriste. Même la splendide passacaille de Rupert Ignaz Mayr comporte une section mineure caractéristique du lamento, alors même que cette danse conclut ordinairement de manière festive la plupart des opéras français.
La danse justement reste très présente dans le répertoire, malgré l’essor de formes nouvelles comme la sonate. Il ne faut pas oublier que la destination première d’instruments comme le violon est de faire danser. De plus, on assiste en ce riche 17ème siècle à l’avènement de l’orchestre de cour en France avec la création des 24 violons du roi. Cet art s’exporte dans toute l’Europe, en particulier en Allemagne où l’on retrouve des sources de première importance. Le manuscrit de Kassel, véritable mine d’or, nous en apprend énormément sur cette tradition de la danse de cour. Le ballet dansé à Stockholm qui provient de ce manuscrit, a été écrit en partie par Guillaume Dumanoir, grand animateur des violons du roi. Il s’agit de pièces courtes, à la fois expressives et théâtrales, et de forme assez libre.
Les danses du concert à quatre parties de Charpentier, montrent une évolution sensible des formes, avec des pièces bien plus structurées et une écriture riche et raffinée dans le traitement des parties intermédiaires. L’idée novatrice du début du 18ème siècle, les Goûts Réunis, semble s’y annoncer avec la juxtaposition des deux gigues, anglaise et française.
David Plantier
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