Dimanche
6 octobre – 17h
Basilique de Valère
Gli Angeli Genève
Œuvres d’Antoine Brumel (~1460-~1520) et Josquin des Prés (~1450-1521)
Et ecce terrae motus
Notes de programme
Antoine Brumel jouissait d’une immense réputation de musicien dans l’Europe du 16e siècle. De son vivant comme après sa mort, son génie et son œuvre sont mentionnés et référencés dans un grand nombre d’ouvrages. Un nombre important de « tombeaux » ou lamentations – ces œuvres musicales typiques de l’époque en l’honneur d’un illustre disparu, dans lesquelles on chante son éloge – lui furent consacrés, bien plus qu’à tous ses contemporains. Il naquit près de Chartres vers 1460, où débuta sa carrière de chanteur puis de Cantor, qui le mena à Genève, Chambéry, Paris, puis Ferrare où il succéda à son maître Josquin avant de s’installer probablement à Rome.
Il avait la réputation d’être ombrageux et compliqué, sauvage aussi, très solitaire, ce qui explique probablement le flou qui entoure certaines étapes de sa vie, comme sa disparition par exemple, puisqu’on ne connaît ni la date ni le lieu de sa mort.
Il maîtrisait toutes les techniques d’écriture de son temps mais une grande partie de son œuvre, et en particulier la tellurique Missa Et ecce terrae motus, nous invite à penser qu’il tenait à faire évoluer son art et se jouait des règles pour inventer et faire progresser l’écriture musicale. Ainsi la base de l’architecture de notre Messe est un canon construit sur les premières notes de l’antienne pascale du même titre, souvent réparties dans trois voix chantant sur des valeurs très lentes. Mais ce canon n’est pas rigoureusement utilisé, il apparaît comme une allégeance en filigrane à ce que son métier et son époque attendent du compositeur alors que Brumel invente en fait une œuvre aux dimensions et aux exigences inouïes pour l’époque. Jamais une grande messe (celle-ci comporte près de 50 minutes de musique) n’avait été écrite pour 12 voix quasiment constamment employées. S’appuyant certainement sur l’immense qualité des chanteurs de Ferrare, il ose une écriture virtuose exigeant des tessitures immenses. Le résultat est extraordinaire de flamboyance et d’éclat. Les 12 voix permettent à Brumel des audaces harmoniques magiques – tel l’usage de 6 fois la note de mi sur les 12 notes d’un accord de do majeur –, le tout affichant une profusion de détails rythmiques et virevoltants, à l’image d’une cathédrale construite dans un style inconnu mais dont chaque détail de la structure donnerait à voir les plus fines sculptures et les plus beaux ornements.
Les musiciens réunis par Gli Angeli Genève ont souvent en commun la qualité d’être des solistes reconnus, et quel que soit le répertoire qu’aborde l’ensemble, qui s’élargit parfois jusqu’au 20ème siècle et à la création contemporaine, une de nos marques de fabrique est l’aspect dream team des artistes réunis sur chaque projet. Il en va de même du rapport que nous entretenons avec la polyphonie vocale des 15e et 16e siècles. Aujourd’hui, les portes du travail polyphonique sont souvent fermées aux solistes vocaux, alors même qu’ils en ont tous goûté l’immense plaisir, l’inégalable expérience musicale et que la polyphonie leur manque. Les projets que notre ensemble mène sur ce répertoire particulier ont pour vocation de remédier à cela ; et il est peu de musiques qui provoquent chez les chanteurs le degré de plaisir et d’émotion que nous offrent les compositions des grands maîtres de la polyphonie franco-flamande.
Stephan MacLeod
Gli Angeli Genève
Gli Angeli Genève a été fondé en 2005 par Stephan MacLeod. Formation à géométrie variable et jouant sur instruments (ou copies d’instruments) d’époque, l’ensemble est composé de musiciens qui mènent des carrières dans le domaine de la musique baroque, mais qui ont la particularité de ne pas faire que de la musique ancienne. Cet éclectisme est garant de fraîcheur et d’enthousiasme.
Depuis sa création, Gli Angeli Genève a été le terrain de rencontres entre des chanteurs et des instrumentistes parmi les plus célèbres de la scène baroque internationale et des jeunes diplômés des Hautes Écoles de Musique de Bâle, Lyon, Lausanne et Genève. Reconnu internationalement depuis ses deux premiers disques parus en 2009 et 2010, l’ensemble donne aujourd’hui plus de quinze concerts par saison à Genève, dans le cadre de son Intégrale des Cantates de Bach, d’une série de concerts annuels au Victoria Hall, du festival annuel Haydn-Mozart créé par l’ensemble en 2021, et enfin de la Chambre des Anges, une nouvelle série de concerts inaugurée en 2022 et consacrée à la musique de chambre.
Parallèlement, il est sollicité en Suisse et à l’étranger pour y donner Bach, mais aussi Tallis, Josquin, Schein, Schütz, Johann Christoph Bach, Weckmann, Buxtehude, Rosenmüller, Haydn, Mozart, etc. C’est ainsi que ces dernières saisons, Gli Angeli Genève a été en résidence au Festival d’Utrecht et aux Thuringer Bachwochen, et s’est produit à Bâle, Zurich, Lucerne, Barcelone, Nürnberg, Bremen, Stuttgart, Bruxelles, Milan, Wroclaw, Paris, Ottawa, Vancouver, Amsterdam et La Haye.
Gli Angeli Genève est un invité régulier des Festivals de Saintes, d’Utrecht, du Musikfest de Bremen et du Bach Festival de Vancouver. L’ensemble a fait en 2017 ses débuts au Grand Théâtre de Genève et en 2019 au KKL de Lucerne. A l’occasion du Festival Haydn-Mozart, Gli Angeli Genève collabore avec des chefs et des artistes invités : Michel Corboz en 2021, Kristian Bezuidenhout en 2022 et Philippe Herreweghe en 2023.
Le premier enregistrement de Gli Angeli Genève pour Claves Records, Musiques sacrées du XVIIe siècle à Wroclaw, a obtenu en 2019 le prix ICMA du meilleur disque de musique baroque vocale de l’année et la Passion selon Saint Matthieu de Johann Sebastian Bach a reçu un accueil enthousiaste, public comme critique, en Suisse et dans le monde.
La discographie de l’ensemble comporte aussi une Messe en si de Bach, nominée aux ICMA 2022, les Cantates pour basse de Bach, et les rares Symphonies concertantes d’Antoine Reicha, avec comme solistes Christophe Coin, Davit Melkonyan, Chouchane Siranossian et Alexis Kossenko. Le dernier disque paru en octobre 2022, les Concertos pour flûte et orchestre de Mozart, avec Alexis Kossenko (flûte) et Valeria Kafelnikov (harpe) a été nominé aux ICMA 2023 dans la catégorie « Concerto ».
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