Dimanche 

24 septembre – 17h
Église Saint-Théodule

Ensemble La Cetra

Leila Schayegh, violon et direction
Œuvres de Jean-Marie Leclair et Argangelo Corelli
L’Art du violon (concertos pour violon et orchestre)
Corelli et Leclair – L’Art du violon

« Tous les chemins mènent à Rome, et donc à Corelli », affirme Leila Schayegh. C’est qu’en effet, l’influence du compositeur italien a traversé l’Europe entière, contribuant largement à façonner et développer l’écriture instrumentale – et plus spécifiquement, violonistique – à une époque où cette dernière était encore en retrait face à la musique vocale. Dès son vivant, Corelli voit son œuvre, pourtant relativement restreinte en quantité, rayonner partout. En Italie, la notoriété de celui qui est aujourd’hui regardé comme le fondateur de la technique du violon moderne est absolue et le compositeur jouit du soutien de très nombreux mécènes, allant de Christine de Suède à Pietro Ottoboni, neveu du pape à la fortune aussi colossale qu’était réputé son goût en matières artistiques. Dans le monde germanophone, l’admiration de Jean-Sébastien Bach lui est totalement acquise et le Cantor de Leipzig empruntera à son modèle italien le thème mélodique de sa Fugue d’orgue en si mineur (BWV 579), tandis qu’en France, Couperin-le-Grand lui dédiera son « Parnasse », sous-titré L’Apothéose de Corelli. Via Haendel, l’œuvre corellienne atteint même l’Angleterre où son succès, immédiat, ne se démentira plus.

Six numéros d’opus – cinq, publiés du vivant de l’auteur, regroupant chacun douze sonates, et un sixième, publié en 1714 de manière posthume, contenant les douze concerti grossi – ont suffi à assurer à Corelli cette célébrité. C’est que l’inventivité novatrice de ces œuvres est remarquable. Ainsi, l’on considère souvent ce fameux opus 6 comme la pierre fondatrice du concerto baroque italien.

Le concerto grosso, tel qu’élaboré par Arcangelo Corelli, se présente comme une série de joutes musicales entre le concertino (petit groupe de solistes) et le concerto grosso à proprement parler, grand groupe de la masse orchestrale, et dont les témoignages nous disent qu’elle regroupait parfois jusqu’à cent musiciens. Le concertino, très unifié, est toujours constitué de deux violons et d’un violoncelle avec basse continue, ensemble auquel est parfois adjoint une partie d’alto. Ce groupuscule, détaché de l’orchestre, entretient avec ce dernier un dialogue animé. « Pour l’oreille, précise Leila Schayegh, cela se traduit par un jeu délicieux entre la force et la douceur, la masse symphonique et la liberté solistique ». Le nombre de mouvements, et leur alternance entre sections lentes ou plus rapides, n’est pas encore normalisé. Corelli, expérimentateur prodigieux, exploite toutes les riches potentialités de ce genre naissant, qui lui sert de laboratoire.

Tout à l’inverse, lorsque Jean-Marie Leclair, compositeur français d’une génération plus jeune s’empare de cette forme, une certaine stabilisation s’est déjà opérée. Ainsi, ses œuvres répondront toutes à la structure en trois mouvements qui sera la norme tout au long du XVIIIe siècle : vif, lent, vif. De même, le concertino se sera mué en une seule voix soliste, ou en un groupe de solistes fortement individués, dont le dialogue avec l’orchestre deviendra plus puissamment dramatique, le spirituel échange entre deux groupes devenant théâtralisation de la solitude d’un seul face à la masse.

« Pour nous, aujourd’hui, tout ressemble peut-être à ce que nous appellerions simplement musique baroque, précise encore Leila Schayegh ; mais les différences de forme et de style sont frappantes. Et pourtant : Leclair a été techniquement et musicalement fortement influencé par le style italien – et donc, en fin de compte en effet, tous les chemins mènent à Corelli ».

 

La Cetra

L’ensemble a été fondé en 1999 à l’initiative du directeur de la Schola Cantorum Basiliensis de l’époque, le Dr Peter Reidemeister. Son nom est emprunté au concerto pour violon opus 9 La Cetra (la lyre ou la cithare) d’Antonio Vivaldi et situe le répertoire de base de l’orchestre : la musique instrumentale italienne du 18ème siècle.
La Cetra articule également ses activités autour d’une période de l’histoire de la musique où l’on peut vraiment parler du concept d’orchestre pour la toute première fois : le début du 17ème siècle, avec notamment les œuvres de Claudio Monteverdi et de ses contemporains.

Depuis sa fondation, La Cetra a connu une ascension rapide dans les rangs des principaux orchestres de musique ancienne au niveau international, en particulier grâce à une coopération régulière avec le Theater Basel dans des productions telles que les opéras de Monteverdi L’Incoronazione di Poppea (2003) et Orfeo (2008), La Calisto de Cavalli (2010), Ariodante de Haendel (2012), The Indian Queen de Purcell (2014), Médée de Charpentier (avec Magdalena Kožená dans le rôle-titre) et Juditha Triumphans de Vivaldi (2015, avec la Compagnie de ballet de Bâle). La réputation de l’ensemble s’est encore renforcée récemment avec les productions à succès de Melancholia (2016) et d’Alcina de Haendel (2017), ainsi que de King Arthur de Purcell (2018/2019).

La Cetra doit sa réputation et son développement avant tout à Andrea Marcon, sous la direction musicale duquel l’orchestre est placé depuis 2009 : claveciniste et organiste plusieurs fois primé, expert recherché de la musique ancienne italienne, Andrea Marcon a travaillé comme chef invité avec des ensembles renommés tels que le Freiburger Barockorchester, les Berliner Philharmoniker et de nombreux autres orchestres européens. C’est également grâce à son initiative que La Cetra collabore depuis 2012 avec le Vokalensemble La Cetra (sous la direction de Carlos Federico Sepúlveda).

La conviction de La Cetra est que le travail de fond scientifique, l’étude intensive des instruments d’époque, la pratique d’exécution et l’environnement historique des œuvres ne doivent servir qu’un seul but : rendre la musique ancienne accessible aux mélomanes du 21ème siècle, avec des interprétations contemporaines, vivantes et captivantes. Ce travail a déjà été salué par l’obtention du Prix européen de musique ancienne à cet effet (2009).

Depuis quatre ans, l’orchestre organise sa propre série de concerts intitulée La Cetra in Basel et permet ainsi au public suisse de participer encore plus fortement aux succès internationaux de l’ensemble. Les premières suisses de La fida ninfa et de Catone a Utica de Vivaldi ainsi que du Parnasso in festa de Haendel ont été très bien accueillies. Les concerts d’oratorio avec Le Messie de Haendel n’ont pas été moins enthousiasmants.
La Cetra a déjà été invité au Concertgebouw d’Amsterdam et dans d’autres salles renommées, avec notamment des tournées prestigieuses en Europe, en Chine et en Corée du Sud (2018). Les artistes de haut niveau qui collaborent régulièrement avec l’ensemble ne se comptent plus : citons notamment Maria Espada, Franco Fagioli, Ann Hallenberg, Roberta Invernizzi, Magdalena Kožená, Carlos Mena, Patricia Petibon, Andreas Scholl, Nicola Benedetti, Giuliano Carmignola, Maurice Steger, David Hansen, Kangmin Justin Kim, Gustav Leonhardt, René Jacobs, Jordi Savall et Attilio Cremonesi.

L’orchestre enregistre pour des labels prestigieux : Deutsche Grammophon (2011, Mozart), Nouveau Monde (2012, avec Patricia Petibon), Pentatone (2016, Parnasso in festa), Harmonia Mundi (2019, Le dîner de M. Haendel, avec Maurice Steger), Glossa (2019, avec Leila Schayegh, œuvres de Leclair). Son enregistrement en première mondiale de La Concordia de’ Pianeti de Caldara avec Franco Fagioli (2014) et la sortie d’un CD consacré à Monteverdi (salué par la critique internationale avec un Grammy en 2016 lui ont valu des tournées importantes en Allemagne, au Luxembourg, en Angleterre et en Espagne.

 

 

Leila Schayegh, violon

Leila Schayegh est reconnue comme l’une des violonistes incontournables de la scène baroque actuelle. Régulièrement invitée comme soliste par les principaux orchestres spécialisés du moment (Utrecht, Brême, Versailles, Varsovie, Milan, MDR Musiksommer, etc.), elle intervient également dans des orchestres modernes, avec notamment des master classes à Heidelberg, Karlsruhe ou avec le Staatsorchester Schwerin.

Leila Schayegh a développé une coopération étroite avec le claveciniste, organiste et chef d’orchestre Jörg Halubek. Leur enregistrement en 2016 des Six sonates obligato de Bach a été distingué par la critique et salué par de nombreux prix prestigieux (Diapason de l’Année, Grammophone Award, Schallplattenpreis). De même, sa collaboration avec le chef et claveciniste Vaclav Luks s’est concrétisée par la publication d’un CD des sonates pour violon de Benda (Diapson d’Or, 2011) et un CD des concertos pour violon de Myslivecͮek (2018). Très récemment (2019-2020), ses enregistrements de concertos pour violon de Leclair avec La Cetra ont reçu un Diapason d’Or. Depuis 2008, elle joue avec l’ensemble Gli Angeli Genève sous la direction de Stephan MacLeod, notamment pour la quasi-totalité des cantates de Bach.

Mentionnons encore un CD de sonates de Bach (Diapason de l’année, 2016), un autre de sonates de Caldara (avec Amandine Beyer, 2015), un autre encore d’oeuvres Carl Philipp Emanuel Bach (Diapason d’Or, 2014) ou encore le Grammophone Editor’s Choice.

Cette prédilection pour la période baroque ne l’empêche pas de s’ouvrir aussi à la musique classique et romantique, avec notamment un enregistrement des sonates pour violon de Brahms avec Jan Schultsz en 2018 (Glossa).

Depuis 2010, Leila Schayegh enseigne le violon baroque à la Schola Cantorum Basiliensis (elle a succédé à Chiara Banchini) et transmet à une nouvelle génération de musiciens son expérience de l’instrument ainsi que son approche musicale : une grande expressivité basée sur des connaissances approfondies de l’époque où les œuvres ont été composées.

Née à Winterthur, elle étudie le violon moderne chez Raphaël Oleg à l’Académie de musique de Bâle, où elle obtient son diplôme summa cum laude en 1999. Après deux ans passés au sein de la Philharmonia Zürich, elle rejoint la classe de Chiara Banchini (Schola Cantorum Basiliensis) dont elle sort en 2005 avec à nouveau un diplôme summa cum laude. En 2003, elle est également lauréate des premiers prix de l’Alte Musiktreff de Berlin, du Förderpreiswettbewerb de Münich et du Premio Bonporti à Rovereto.

 

 

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