Dimanche
4 janvier 2026 – 17h
Cathédrale de Sion
Concert présenté dans le cadre des 20 ans du Festival d’Art Sacré
Stile Antico
Le Prince de la Musique
Giovanni Pierluigi da Palestrina
La billetterie ouvrira à la fin septembre.
Stile Antico
Stile Antico célèbre sa vingtième saison en rendant hommage au maître incontesté du style qui a donné son nom à l’ensemble : Giovanni Pierluigi da Palestrina, dont le cinq centième anniversaire est célébré cette année 2025.
La brillante carrière de Palestrina était étroitement liée à la papauté et aux grandes églises de Rome pour lesquelles il composait. Ce programme explore la musique qu’il aurait chantée à la Chapelle Sixtine, les changements dans son style exigés par la Contre-Réforme, sa vie personnelle tragique et son influence sur ses successeurs. Le répertoire est somptueux, comprenant plusieurs des motets les plus appréciés et intemporels de Palestrina, des joyaux d’autres grands compositeurs actifs à Rome, ainsi qu’une nouvelle œuvre de la célèbre compositrice britannique Cheryl Frances-Hoad, écrite spécialement pour ce programme. The Prince of Music est destiné à accompagner la sortie du troisième album de Stile Antico sous le label Decca Classics, The Golden Renaissance : Palestrina (2025).

Le Prince de la Musique
L’évolution des goûts est si rapide, durant la Renaissance, que le plus célébré des compositeurs, pour la génération qui lui succède, n’est qu’un lointain souvenir. Palestrina fait office de lumineuse exception et sa gloire resplendit encore, bien après sa mort ; elle ne cesse, même, de croître.
L’une des raisons de cette prépondérance réside dans la légende de la Missa Papae Marcelli (Messe du Pape Marcel). En 1562 – ainsi, du moins, le veut le récit – les délégués du Concile de Trente (durant lequel l’Eglise catholique recentra ses pratiques pour faire face à la Réforme) étaient si fatigués des compositeurs basant leurs messes sur des chansons grivoises, ou obscurcissant les textes sacrés par des textures trop intriquées, qu’ils planifièrent d’abandonner la polyphonie dans les contextes strictement liturgiques. Selon Agostino Agazzari (1607), c’est la messe de Palestrina qui, tombée entre leurs mains, sut convaincre les cardinaux lassés de renoncer à ce projet. Les preuves et la chronologie officielle ne concordent pas avec ce récit, mais cela compte peu : la postérité a oint Palestrina « sauveur de la musique catholique ».
La réputation posthume de Palestrina a également été soutenue par l’idée que sa musique représente la perfection du stile antico : un équilibre exquis, strictement contrôlé, et – par-dessus tout – un style polyphonique hautement enseignable, représenté par des motets tels que Sicut cervus ou Super flumina Babylonis. Tout cela aurait pu faire du compositeur et de sa musique l’image même d’un art académique, voire muséal. Or il n’en est rien.
Peu de compositeurs – peu importe l’époque – ont été aussi étroitement associés à une unique cité que Palestrina l’a été à Rome. Hormis un bref et juvénile passage au poste d’organiste de San Agapito, dans sa ville natale de Palestrina, il n’a jamais officié ailleurs qu’en la Ville Eternelle.
Au Vatican, Palestrina assimile la musique de ses prédécesseurs, membres de la Chapelle papale, parmi lesquels le révéré Josquin (à Rome de 1489 à 1494) dont le Salve Regina a 5 avait été copié dans un manuscrit de la Sixtine vers 1545. Josquin y proposait une brillante synthèse de « trucages » techniques et de clarté rhétorique – un savoir-faire qui laisse déjà présager les achèvements à venir de Palestrina. La même collection de la Sixtine incluait un Pater Noster a 8 de Jacques Arcadelt, qui avait vécu à Rome jusqu’en 1551. Son contrepoint dense est typique de la musique franco-flamande de la première partie du XVIe siècle, et contraste fortement avec les lignes claires de Tu es Petrus, le motet composé par Palestrina en l’honneur du saint patron de Rome, en 1572.
Bien que les restrictions fortes de la Contre-Réforme aient pu dans un premier temps décourager les compositeurs, d’autres courants promeuvent l’usage de la musique comme un outil d’évangélisation. La dévotion personnelle devient de plus en plus à la mode, durant les années 1570, et Palestrina écrivit de la musique pour plusieurs fraternités qui se développent alors à la suite des impulsions données par des figures telles qu’Ignace de Loyola et Philippe Neri. C’est très vraisemblablement pour de tels contextes que les motets de son Canticum Canticorum, tirés du Cantique des Cantiques, ont été créés ; ils représentent des modèles de clarté textuelle, mais sont riches d’une grande variété d’atmosphères et de couleurs lyriques, calculées pour produire une réponse expressive et dévotionnelle chez l’auditeur.
L’exemple de Palestrina a dû être intimidant pour les générations qui l’ont suivi, et peut-être, sans surprises, ont-ils pour cela préféré chercher dans d’autres directions que de tenter de l’égaler dans un style dont il s’était rendu le maître absolu. Felice Anerio sera son successeur comme compositeur de la Chapelle Papale ; son Christus factus est, approprié pour le Vendredi Saint, greffe une expressivité plus franche et plus jeune que son prédécesseur à partir des fondements posés par lui.
Notre programme est complété par une œuvre nouvelle de Cheryl Frances-Hoad, A Gift of Heaven, qui nous ramène à la Messe du Pape Marcel, citant la musique du Gloria.
Andrew Griffiths
(Adaptation et trad. MF)
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